Discriminations religieuses à l'embauche : une réalité
- Marie-Anne Valfort - Institut Montaigne
- 16 juin 2016
- 2 min de lecture
Esther, Dov, Nathalie, Michel, Samira et Mohammed, ont grandi dans le même quartier de Beyrouth au Liban.
Esther et Dov sont juifs, Nathalie et Michel sont catholiques, Samira et Mohammed sont musulmans. À l’issue du collège, ils ont convaincu leurs parents de les laisser partir en France pour y continuer leurs études. Ils choisissent le même parcours : passer le bac et s’inscrire en BTS comptabilité. France, 2013 : à 25 ans, ils ont tous les six acquis la nationalité française et ont multiplié les expériences professionnelles en CDD. Pourtant, à l’heure de chercher un nouvel emploi, leurs candidatures ne reçoivent pas le même accueil. Combien de CV les candidats ont-ils besoin d'envoyer avant de se voir proposer un entretien d'embauche ?

Esther, Dov, Samira et Mohammed sont-ils discriminés ?
44% des Français d’origine extra-européenne déclarent avoir rencontré une situation discriminatoire au moins une fois dans leur vie.
Cette différence de traitement des candidatures d’Esther, Dov, Nathalie, Michel, Samira et Mohammed illustre la discrimination à l’embauche qui sévit en France, phénomène répandu mais mal connu en raison d’une absence d’indicateurs permettant une mesure précise de son ampleur – mis à part les 21 critères reconnus par le Code pénal. Les rares informations disponibles soulignent que les Français d'origine extra-européenne sont les plus touchés par la discrimination. Des outils viennent combler cette faille et permettent d’appréhender cette réalité : les testings correspondent à uneméthode légale consistant à envoyer des CV de candidats fictifs en réponse à des offres d’emploi réelles, et à mesurer les taux de réponses en fonction des différents profils.
En 2007, le Conseil constitutionnel a prohibé toute mesure généralisée de la diversité qui reposerait sur l’origine ethnique ou raciale des personnes. Cependant, il est possible de recourir à des données « objectives », telle que la nationalité ou le lieu de naissance d’un individu et de ses parents, mais aussi des mesures subjectives comme le « ressenti d’appartenance ».
Les rares informations disponibles soulignent que les Français d’origine extra-européenne sont les plus touchés. Des testings précédemment menés montrent qu’ils sont systématiquement défavorisés par rapport aux Français d’origine française et qu’il existe une forte corrélation entre la discrimination vécue à l’embauche et au travail, d’une part, et l’origine migratoire – en particulier extra-européenne – des salariés, d’autre part.Ainsi, les injustices vécues dans le cadre du travail par des immigrés d’origine d’Afrique sub-saharienne et du Maghreb notamment s’apparentent à des discriminations ethno-raciales.
Mais cette discrimination est-elle basée sur l’origine ou la religion ?
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