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Qui sont les véritables ennemis de l’emploi ?

  • Nicolas Beyls - Trop libre
  • 30 mars 2016
  • 3 min de lecture

Les économistes Pierre Cahuc et André Zylberberg ont réédité en 2015 leur ouvrage paru en 2004 sous le titre Le Chômage, fatalité ou nécessité ? Selon eux, l’échec des politiques de l’emploi depuis 40 ans est dû à une mauvaise connaissance du fonctionnement du marché du travail et à l’absence d’évaluation des différentes interventions publiques.

Les ennemis de l’emploi ne sont pas ceux que l’on croit.

Les hommes politiques de tous bords aiment blâmer les délocalisations ou les « licenciements boursiers ». Or l’internationalisation des échanges et les mouvements de capitaux sont responsables d’une part très faible des destructions d’emploi. Les “plans sociaux” focalisent certes l’attention des médias et des pouvoirs publics, mais ne concernent que 0.5% des travailleurs quittant leur emploi. En effet, 2,4 millions d’emplois sont détruits chaque année en France, soit 10.000 par jour ! Mais simultanément sont créés 10.000 emplois par jour.

Ce processus incessant de “destruction créatrice”, identifié par Schumpeter, est inhérent au capitalisme. Il est indispensable car il accroît la productivité, ce qui permet à chacun de disposer de plus de biens et de services. A contrario, les créations et les destructions d’emplois n’existaient pas en ex-URSS, mais au prix de la stagnation économique.

Enfin, augmenter la population active n’accroît pas le chômage. De nombreuses études empiriques montrent ainsi que l’immigration n’a pas d’effets négatifs sur l’emploi. En effet, on ne trouve pas dans chaque pays un nombre fixe d’emplois ou d’heures de travail devant être partagées. La réduction du temps de travail, par exemple via les 35 heures, ne permet pas de lutter contre le chômage. Elle repose en effet sur un postulat erroné : le travail ne se partage pas mais se redéploie sans cesse entre les firmes.

Les cinq ennemis de l’emploi en France

1) Les charges sociales au niveau du SMIC

Le salaire minimum peut avoir des effets bénéfiques sur l’emploi. Mais il est si élevé en France qu’une augmentation de celui-ci détruirait des emplois peu qualifiés. Il faut ainsi alléger le coût du travail au niveau du SMIC sans diminuer le salaire, donc réduire les charges sociales.

2) Les trappes à inactivité

De nombreuses études montrent que si travailler devient moins avantageux, alors moins de gens iront travailler. Un dispositif comme l’impôt négatif permettrait de “rendre le travail payant” en incitant financièrement les personnes éloignées de l’emploi à reprendre une activité.

3) Une assurance chômage peu contraignante

L’indemnisation du chômage en France s’inscrit dans une logique fataliste d’assistance : le chômeur est une victime. En cas d’absence de recherche d’emploi, les sanctions ne sont pas appliquées. Le chômeur est en fait très utile à la société car il recherche l’emploi qui lui correspond le mieux. Pour le faire sortir du chômage, il faut améliorer son suivi mais aussi rendre plus crédibles les menaces de sanctions.

4) La protection juridique de l’emploi

En France, la législation est basée sur le contrôle du juge et parfois sur la répression pénale. Elle protège bien certains salariés (les insiders) mais est défavorable à l’emploi des jeunes, des femmes ou des seniors (les outsiders). La législation en vigueur est inégalitaire car elle accroît la segmentation du marché du travail.

5) Les emplois aidés dans le secteur public

En plus de coûter cher, ils diminuent les chances de retrouver un emploi régulier car ils envoient un mauvais signal à un éventuel employeur. Au contraire, les aides à l’emploi privé sont moins onéreuses et bien plus efficaces. En effet, les bénéficiaires occupent des postes proches d’un “véritable” emploi permanent, ce qui séduit les recruteurs. Surtout, créer un emploi public détruit en moyenne 1.5 emploi privé du fait de l’effet d’éviction, via la fiscalité.

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