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Politiques de l'ombre

  • Sebastian Laurent
  • 20 avr. 2016
  • 2 min de lecture

Le gros livre de Sébastien Laurent sur l’histoire du renseignement en France, fruit d’une habilitation à diriger des recherches en histoire contemporaine, constitue un travail novateur, tant les écrits universitaires sur les polices secrètes sont rares et intéressant pour qui, peu disposé à la lecture d’une socio-histoire du monde policier, serait par contre ouvert à une vraie réflexion sur la philosophie et la sociologie de l’État.

Politiques de l’ombre peut en effet se lire comme une habile illustration de la singularité du libéralisme français, mariant sans état d’âme une culture de l’État et un respect assez relatif des libertés publiques avec une affirmation libérale, aux antipodes du modèle anglo-saxon. La force de l’État secret sous la troisième République, singulièrement à partir de 1886 et de la reconnaissance juridique de l’espionnage, témoigne de ce libéralisme d’origine étatique qui confie à deux ministères (l’armée et l’intérieur) libres de toute censure parlementaire, le travail de surveillance nationale.

Le constat de Laurent est clair et son ambition n’en est que plus séduisante : le renseignement n’est pas un objet politique, distant qu’il est de toute discussion publique (au moins jusqu’à l’affaire Dreyfus) ; il doit donc devenir un vrai objet de science politique. A ce titre, c’est aussi à une sociologie de l’État que l’auteur convie son lecteur en empruntant aux intuitions tocquevilliennes l’idée d’une continuité entre l’ancien régime et la révolution en ce qui concerne le travail de police et en débordant bien souvent sur l’étude des entourages, des cabinets, des structures opaques de l’État impérial ou républicain, du lien fort entre le progrès technique (transport, statistiques et communication) et le développement de corps de fonctionnaires spécialisés dans la surveillance et la répression.

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