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Fonds activiste : 3 questions pour tout comprendre

  • Clémence Boyer - start.Lesechos.fr
  • 17 févr. 2016
  • 3 min de lecture

Casino, Vivendi, Nexans… De plus en plus d’entreprises françaises sont la cible des fonds activistes à tel point que la banque d’affaires Lazard vient de créer une offre de conseil dédiée. Vous avez sûrement déjà lu l’expression “fonds activiste”, mais êtes-vous sûr de savoir ce qu’il y a derrière ?

Les actionnaires activistes sont de plus en plus présents sur le Vieux-Continent. En 2015, ils ont mené 85 campagnes contre des sociétés européennes (dont 10 françaises). Il n’y en avait eu que 65 l’année d’avant. On vous aide à décrypter le phénomène en trois questions.

1 - C’est quoi ?

Un actionnaire activiste c’est “un investisseur professionnel qui prend une participation dans le capital d’entreprises qu’il estime mal gérées. Son objectif : les inciter à prendre des mesures susceptibles d’améliorer significativement leur valeur en bourse”, explique Philippe Maupas, administrateur de CFA Society France et consultant spécialiste des fonds d'investissement.

Généralement, ces activistes agissent à travers un fonds d’investissement et accompagnent leurs demandes d’un fort bruit médiatique. Leurs exigences peuvent être très diverses : vente d’activités non-rentables, scission de la société, destitution du PDG, etc.

La plupart du temps, “les activistes restent des actionnaires minoritaires (avec moins de 5% des parts), ils ne sont donc pas représentés au conseil d’administration, mais ils profitent des assemblées générales annuelles pour essayer de rassembler les voix d’autres actionnaires et contester certaines résolutions”, précise Michel Albouy, professeur de finance à Grenoble Ecole de management et spécialiste des fonds activistes.

2 - C’est dangereux ?

Deux points de vue s’opposent. Il y a ceux qui pensent que ce sont des “spéculateurs exclusivement intéressés par la maximisation de la valeur de leur investissement à court terme”, raconte Philippe Maupas. Ces “anti” dénoncent la pression de ces fonds, qui poussent les entreprises à prendre des décisions ne bénéficiant qu’aux actionnaires au détriment des salariés. Typiquement, fermer une branche moins rentable de la société.

Du côté des “pro”, on met en avant l’action positive de ces actionnaires qui exercent leur responsabilité en réveillant des dirigeants assoupis ou concentrés sur leur propre situation au détriment des intérêts des actionnaires et du développement de l’entreprise.

“En France, les actionnaires sont souvent vus comme les bad guys, analyse Michel Albouy, alors si en plus vous ajoutez de l’activisme c’est carrément le diable !” Pourtant, comme l’indique une récente étude d’un professeur d’Harvard, l’impact des actionnaires activistes sur la valeur de l’entreprise est loin d’être négatif sur le long terme. “Parfois, les actionnaires activistes peuvent même défendre des revendications sociales, comme ce fut le cas contre Nike et le travail des enfants”, ajoute Michel Albouy.

3 - C’est pas chez nous ?

Si les actionnaires activistes les plus connus sont aux Etats-Unis, comme Carl Icahn, Nelson Peltz ou Bill Ackman, il en existe aussi à Londres, mais surtout tous sont susceptibles d’investir dans des entreprises du monde entier. Les sociétés françaises ont été relativement épargnées jusqu’au début des années 2000, notamment parce que leur capital est souvent contrôlé par une famille ou par l’Etat, mais depuis quelque temps le phénomène a pris de l’ampleur. Vivendi et Casino ont récemment été la cible d’activistes.

Autre signe qui ne trompe pas, la banque d’affaires Lazard vient de créer une nouvelle offre de conseil pour les entreprises confrontées aux fonds activistes. “Pour une société cotée, être la cible d'un investisseur activiste présente de nombreux inconvénients : dégradation de l'image quand l'activiste soulève des problèmes réels, distraction du management qui a moins de temps à consacrer à l'opérationnel, inquiétude, voire démotivation des collaborateurs”, énumère Philippe Maupas. “Lazard a dû juger le marché européen suffisamment mûr pour créer cette ligne de métier nouvelle”.

 
 
 

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