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Pape François, le texte intégral du « discours des 15 maladies »

  • www.la-croix.com
  • 11 févr. 2016
  • 4 min de lecture

Le discours du pape François, lors de la présentation des vœux de Noël à la Curie romaine, lundi 22 décembre au Vatican, a suscité un écho considérable. Cela tient à la liste des quinze « maladies » pouvant affecter les collaborateurs du Saint-Siège dont le pape a fait une liste détaillée et argumentée.

Si ce texte a été très largement commenté, il n’a pas été publié en langue française par le Vatican, mais seulement en italien. « Urbi & Orbi-La Documentation catholique », le site d’informations religieuses édité par « La Croix », en a réalisé une traduction (*) intégrale que l’on trouvera ci-dessous. C’est un document exceptionnel qui, au-delà du cercle de la Curie romaine, peut nourrir la réflexion de toute l’Église.

22 décembre 2014, discours du pape François lors de la présentation des vœux de Noël à la Curie romaine

Des maladies et des tentations qui affaiblissent notre service

La Curie est appelée à s’améliorer, à s’améliorer en permanence et à croître dans la communion, la sainteté et la sagesse pour pleinement mener à bien sa mission. Pourtant, comme tout corps, comme tout corps humain, elle est exposée aussi aux maladies, au dysfonctionnement, à l’infirmité. Et je voudrais mentionner ici certaines de ces probables maladies, les « maladies curiales ». Ce sont des maladies assez communes dans notre vie de Curie. Ce sont des maladies et des tentations qui affaiblissent notre service au Seigneur. Je crois que, à l’instar des Pères du désert qui en rédigeaient de tels, le « catalogue » de ces maladies nous aidera à nous préparer ausacrement de la réconciliation, qui constituera pour nous tous une étape importante vers la fête de Noël.

1. La maladie de celui qui se sent « immortel », « immunisé » ou tout à fait « indispensable » et néglige les contrôles nécessaires et habituels. Une Curie qui ne fait pas son autocritique, ne s’ajuste pas en permanence, ne cherche pas à s’améliorer, est un corps malade, infirme. Une simple visite au cimetière nous permettrait de voir les noms de nombreuses personnes, dont certaines pensaient peut-être qu’elles étaient immortelles, immunisées et indispensables ! C’est la maladie de l'homme riche et insensé de l’Évangile qui pensait vivre éternellement (cf. Lc 12, 13-21) et de tous ceux qui se transforment en maîtres et se sentent supérieurs à tous, et non au service de tous. Elle découle souvent de la pathologie du pouvoir, du « complexe des élus », du narcissisme qui consiste à regarder passionnément sa propre image et à ne pas voir l'image de Dieu imprimée sur le visage des autres, spécialement des plus faibles et des plus nécessiteux (8). L’antidote à cette épidémie est la grâce de se sentir pécheurs et de savoir dire de tout cœur : « Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir » (Lc 17, 10).

2. Autre maladie : le « marthalisme » (qui vient de Marthe) ou l’activité excessive. Elle concerne ceux qui se noient dans le travail et négligent inévitablement « la meilleure part » : s’asseoir aux pieds de Jésus (cf. Lc 10, 38-42). C’est pourquoi Jésus a demandé à ses disciples de « se reposer un peu » (cf. Mc 6, 31), car négliger le repos nécessaire conduit au stress et à l'agitation. Le temps du repos, pour celui qui a mené à bien sa mission, est une nécessité, un devoir, et doit être vécu sérieusement : en passant un peu de temps avec sa famille et en respectant les jours fériés comme des moments pour se ressourcer spirituellement et physiquement. Il faut retenir ce qu'enseigne Qohéleth : « Il y a un moment pour tout » (Qo 3, 1-15).

3. Il y a aussi la maladie de la « pétrification » mentale et spirituelle. Ceux qui en sont atteints possèdent un cœur de pierre et une « nuque raide » (Ac 7, 51-60). Ce sont ceux qui, chemin faisant, perdent leur sérénité intérieure, la vivacité et l’audace, et se cachent derrière leurs dossiers, devenant les « rois du formulaire » et non « des hommes de Dieu » (cf. He, 3, 12). Il est dangereux de perdre cette sensibilité humaine qui permet de pleurer avec ceux qui pleurent et de se réjouir avec ceux qui se réjouissent ! C’est la maladie de ceux qui perdent « les dispositions » de Jésus (cf. Ph 2, 5-11). Car, au fil du temps, leur cœur se durcit et devient incapable d'aimer inconditionnellement le Père et le prochain (cf. Mt 22, 34-40). Être chrétien, en fait, signifie avoir « les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (cf. Ph 2, 5), dispositions à l'humilité et au don, au détachement et à la générosité.

4. La maladie de la planification excessive et du fonctionnarisme. Quand l’apôtre planifie tout minutieusement et croit que planifier à la perfection fait réellement avancer les choses, il se transforme pratiquement en expert-comptable ou en fiscaliste. Tout bien préparer est nécessaire mais il ne faut jamais succomber à la tentation de vouloir enfermer ou piloter la liberté de l’Esprit Saint, qui demeure toujours plus grande, plus généreuse que toute planification humaine (cf. Jn 3, 8). On se laisse gagner par cette maladie parce qu’il « est toujours plus facile et plus commode de se caler dans ses propres positions statiques et inchangées. En réalité, l’Église se montre fidèle à l’Esprit Saint dans la mesure où elle n’a pas la prétention de le régler ni de le domestiquer – domestiquer l’Esprit Saint ! – Il est fraîcheur, imagination, nouveauté ».

(*) Texte original italien dans l’Osservatore Romano des 22-23 décembre 2014. Traduction de Sophie Gallé pour Urbi & Orbi-La Documentation catholique. © Copyright - Libreria Editrice Vaticana

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