Comme ca fait du bien d'échouer !
- Article de Charles Pépin - psychologie.com
- 20 sept. 2015
- 2 min de lecture
Une véritable philosophie de l’échec serait capable de mettre en évidence la vertu de celui-ci, de montrer qu’une sagesse peut être enfantée par l’échec quand le succès, lui, ne produit au mieux qu’une ivresse. Cette vertu de l’échec est la grande absente de la tradition philosophique occidentale. Ce que les « grands philosophes » nous en disent serait plutôt de nature à nous culpabiliser. Lorsque nous nous trompons, lorsque nous « errons », c’est, selon Descartes, que nous avons fait un mauvais usage de notre volonté – cette faculté humaine la plus importante, la seule par laquelle nous ressemblons à Dieu. Il y a donc vraiment de quoi s’en vouloir ! Pour Kant, l’échec serait davantage dû à un mauvais usage de la raison, cette faculté grâce à laquelle nous essayons de nous arracher à nos penchants les plus bas.
Échouer, c’est alors échouer dans le processus même de notre humanisation ! Quelle distance avec cette idée, tellement salutaire pourtant, que nos échecs peuvent nous grandir – avec cette idée, révélée par Freud, puis Lacan, vérifiée dans toute l’histoire de la médecine, que c’est quand « ça ne marche pas » que nous comprenons un peu comment ça marche. Tel est pourtant le sens du symptôme : un dysfonctionnement qui en dit long sur notre « fonctionnement ».
Mais prenons un exemple plus simple : votre presse-agrumes. Lorsqu’il marche, vous ne vous posez aucune question : vous disposez votre demi-orange, appuyez sur un bouton et récoltez votre jus. C’est le jour où il ne marche pas, se bloque, s’enraie, que vous commencez à vous intéresser à lui : vous le touchez, le retournez, le démontez – c’est le jour où il ne marche plus que vous commencez à comprendre comment il marche.
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